Dans le cadre de la revue La Voix du Regard et sur une idée originale de Véronique Dimicoli, cinq schmürtz (Charlie Rambeau, Diletta Mansella, Jean-Yves Gratius, Hélène Singer, Véronique Dimicoli) viendront visiter le Salon de la Revue et partageront leurs observations et leurs réactions avec les passants des allées… l’occasion pour eux de donner libre cours au plaisir de jouer, de lire, de chanter, de danser, et de se faire passeurs de textes découverts lors des fouilles récentes menées de main de maître par Ent’revues à l’Espace d’animation des Blancs Manteaux. Walt Whitman, Henri Michaux, Borgès, Queneau, Jacques Roubaud, Henri Calet, Jacques Rebotier, Ungaretti, Elytis, Mendoza, François Taillandier, Ray Bradbury, Jacques Reda, Hervé Laroche, Xavier Malbreil, Jean-Michel Maulpoix, Apollinaire, Arlette Farge, François Bon, Carole Fréchette, Jacques Dutronc… que de trésors dénichés au détour des ruelles du Salon ! Venez nombreux les rencontrer, ils vous parleront de la poésie, du récit, du théâtre, d’essais, d’histoire, à travers un patrimoine légué par les villes du monde entier et préservé dans les banques illimitées de leur ordinateur géant central… La visite est libre et gratuite et vous pourrez les retrouver au vaisseau La Voix du Regard où ils se feront un plaisir de répondre à vos questions… Parole de schmürtz.

Qu’est-ce qu’un schmürtz ?
Personnage non définissable déniché par Boris Vian dans un obscur immeuble, on ne sait trop de quel pays il vient, de quelle planète il tombe…
Ça pourrait être vous, au détour d’une rue, pour celui ou celle qui vous regarde passer, parce que d’un coup vous avez fait un geste ou dit un mot qui sonne « bizarre »
Le schmürtz est en quelque sorte un « touriste » en tous genres qui s’interroge sur tout et appréhende la vie comme on explore des contrées exotiques
Avec une certaine prédilection pour l’absurdité des choses en tous genres
Car le schmürtz a beaucoup d’humour
Muni de son inséparable carte du monde GPS, de sa valise Mary Poppins et de sa lanterne frontale longue portée, il arpente les villes dont il consigne les faits et gestes dans des carnets destinés à instruire les générations futures des épopées humaines
Le schmürtz est un infatigable voyageur et un titilleur de première
Il aime les coins obscurs et reculés,
Il sort la nuit de préférence
Parce que du noir surgissent parfois des vérités qu’il semble seul à percevoir
Sans doute à cause de ces petits radars qu’on peut observer derrière les oreilles ou nichés au fond des globes oculaires
Mais ne nous méprenez pas
Contre toute attente et malgré une apparence un peu rustre au premier abord
Le schmürtz est un esthète doublé d’un fin lettré
Il connaît ses classiques et ses contemporains
Dont il aime égrener les paroles
Au fil des rues
Pour mieux appréhender le labyrinthe
Et amadouer ce redoutable Minotaure
Qu’est la ville
Qu’on se le dise : le schmürtz n’a pas d’âge

Véronique Dimicoli

« …Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d’autobus mugissants près de toi roulent… »
(Apollinaire, Zone)

« …rue du p’tit café qu’on prend les pieds dans les bottes dans l’eau de ses bottes dans l’eau en attendant son tour au téléphone allô-c’est-toi… »
(Jacques Rebotier, Litanie des rues)

« …8h00. Je me matérialise à l’endroit dénommé carrefour Diagonale-Paseo de Gracia. Je suis écrasé par l’autobus n°17 Barceloneta-Vall d’Hebron. Je dois récupérer ma tête qui est allée rouler à la suite de la collision. Opération malaisée du fait de l’affluence des véhicules… »
(Eduardo Mendoza, Sans nouvelles de Gurb)

« …Quant à vous Messieurs de la Technocratie un peu plus à droite je vous prie ; réservez-moi une place sur Alpha du Centaure et après nous verrons… »
(Odysseus Elytis, La Planète Terre)

« Les rues de Paris ont deux côtés c’est une règle générale
Il n’y a aucune rue de Paris à aucun côté… »
(Jacques Roubaud, Les Rues de Paris)

« …On ne voit pas les virgules entre les maisons, ce qui en rend la lecture si difficile et les rues si lassantes à parcourir… »
(Henri Michaux, Tranches de Savoir)

« … Un geste, citoyens. La prochaine rame n’est jamais loin. Il est temps de vous faire des amis. Tous unis - derrière Paris. Un crédit irrésistible. 100 % Pixmaniac. Littérature ou chocolat ? Yes, yes, yes ! We speak english ! We speak Wall Street english ! »
(François Taillandier, Métro boulot dodo)

« Un jour vers midi du côté du parc Monceau, sur la plate-forme arrière d’un autobus à peu près complet de la ligne S (aujourd’hui 84), j’aperçus un personnage au cou fort long qui portait un feutre mou entouré d’un galon tressé au lieu de ruban… »
(Raymond Queneau, Récit)

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